TUI France : de l’avis du CE, c’est la fin de l’aventure Nouvelles Frontières
Les syndicats dénoncent l’absence de stratégie du Groupe
Après l’avis consultatif du comité central d’entreprise la semaine dernière, chaque CE des trois entreprises composant TUI France ont eu à se prononcer sur le plan de sauvegarde de l’emploi. Avis qui, sans surprise, s’est révélé négatif pour le CE de Nouvelles Frontières ce mardi 30 mai. Nous en publions de larges extraits ci-dessous.
La direction a également la possibilité de refuser un départ si cela menace la bonne marche d’un service », précise Jorge Partida, secrétaire général du CE.
Après un an de négociations qui s‘est conclu par l‘avis négatif, Jorge Partida, dans un message aux collaborateurs NF qui paient le plus lourd tribu au plan social, donne son éclairage sur les relations tendues avec le management.
Autant dire que la rentrée sera difficile chez TUI France lorsqu’il faudra déterminer les départs contraints et fondre les survivants en une seule équipe…
Un Actionnaire qui n’a pas joué son rôle de suivi et de surveillance
Aujourd’hui au 7ème Plan Social ce sont toujours les salariés qui payent pour les erreurs qu’ils n’ont pas commises.
Aujourd’hui c’est 30% du personnel qui devra quitter la société et nous le regrettons car tous les dirigeants qui sont à l’origine de cette situation n’ont jamais rendu des comptes.
Je voudrais rendre hommage à TOUS mes collègues de Nouvelles Frontières qui n’ont pas démérité, qui ont toujours su relever les manches et qui payent lourdement les erreurs stratégiques commis par les Directions de TUI depuis 2001.
Je voudrais aussi remercier mes collègues du Comité d’Entreprise pour leur qualité du travail accompli et parce qu’on n’a jamais rien lâché.
Merci aussi aux organisations syndicales CGT et Force Ouvrière qui ont su aller au delà de leurs différences pour se mettre ensemble au service des TOUS les salariés de Nouvelles Frontières.
***AVIS
Après une décision de fusion précipitée entre les entités Nouvelles Frontières, Tourinter, Aventuria, Colline et Marmara dès l’été 2011, la Direction de TUI France avait annoncé un plan social qui, à l’origine, ne concernait que 400 suppressions de postes, s’apparentant à un plan comptable, dans la mesure où la cible de cette restructuration ne reposait sur aucune stratégie clairement définie par la Direction.
Perplexité face à l’absence de stratégie
Cet avis est motivé par le rejet par la Direction de nombreuses observations, propositions de modifications, d’améliorations ou d’adaptations des livres 1 et 2 du présent PSE, qui ont été formulées, en vain pour nombre d’entre elles, par les élus du CE et leur expert-comptable, tout au long de la présente procédure.
Pour ne citer que les principales, rappelons que des principes aussi élémentaires que ceux évoqués ci-dessous ne trouvent toujours pas leur place dans le présent PSE et ce, malgré les demandes de la représentation du personnel ou de l’inspection du travail :
-Les mesures contenues dans le plan de sauvegarde de l’emploi ont en principe un objectif fondamental qui est d’éviter ou de limiter le nombre des licenciements et de faciliter le reclassement interne et externe des salariés dont le licenciement n’a pu être évité.
Or il apparaît clairement que la Direction de l’entreprise n’a été en mesure ni de motiver ni de justifier tant l’ampleur des licenciements que les mesures qui justifieraient ces derniers.
-Les moyens mis en œuvre ne correspondent pas en proportionnalité aux moyens financiers du Groupe TUI AG et à la hauteur du préjudice subi par les salariés de l’entreprise TUI France.
Le respect de cette exigence de proportionnalité dans les moyens mis en œuvre pour assurer la juste indemnisation des salariés s’apprécie légalement dans le cadre de l’entreprise TUI France, mais aussi dans le cadre des moyens considérables du groupe international que constitue le groupe TUI AG.
Le CE s’insurge contre un gigantesque gâchis humain
De surcroit, du fait que sur le plan du reclassement interne et externe, le contenu et la portée des principales mesures de facilitation des reclassements pour limiter les licenciements font défaut.
De manière non limitative, les catégories professionnelles, présentées en dépit de toute cohérence professionnelle ne correspondent manifestement ni aux exigences légales et jurisprudentielles, ni aux critères fixés par notre convention collective.
Ce plan de sauvegarde de l’emploi constitue en substance un plan apparemment classique dans sa forme, mais fondamentalement insuffisant dans son contenu et sa portée sociale.
Le CE constate néanmoins que la mobilisation conjointe des élus, des organisations syndicales et des salariés dans les groupes de travail -25 groupes et plus de 240 participants – a permis d’analyser service par service ou secteur par secteur la pertinence des projets de réorganisation de la Direction.
Si cette analyse conjointe a permis de réduire le nombre de suppressions de postes, il reste que les questions posées quant à l’avenir des salariés maintenus dans l’entreprise sont sans réponse :
La Direction porte une grave responsabilité
· Redéfinition de l’ensemble des process et des relations entre les différents services ?
· Les moyens mis à leur disposition pour assurer la réussite de la nouvelle TUIFRANCENous rappelons que l’ensemble de ce PSE apparait insuffisant, notamment comme il a été démontré ci-dessus, eu égard aux règles de respect des principes de proportionnalité, de précision et de pertinence fixées par la loi et la jurisprudence pour évaluer la suffisance d’un plan de sauvegarde de l’emploi.
La Direction porte une grave responsabilité en ayant choisi de procéder directement à un licenciement collectif et non à un accord de « départs volontaires » comme cela se pratique régulièrement dans de nombreux secteurs et comme l’ont proposé les élus durant la procédure.
Sur le plan économique, rien de ce plan ne démontre la garantie de redressement de TUI France ni même le bon fonctionnement de l’entreprise après la mise en place de ce plan drastique de suppressions d’emploi.
Le CE déplore enfin que la direction n’ait pas mis à l’étude dans les délais légaux, toutes les suggestions formulées par les élus, relatives aux mesures sociales proposées et n’ait pas donné une réponse motivée à toutes les demandes formulées par la représentation du personnel.
Le CE ne peut que s’insurger contre ce gigantesque gâchis humain.